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Ecrevisses américaines tueuses.

Publié le par Arno39

Bien loin de la pêche aux carnassiers et plus proche de la chasse aux nuisibles, cet article synthétise plusieurs écrits trouvés sur le web et différents ouvrages. Merci à tous les spécialistes ayant travaillé sur ces « terreurs américaines » , de nous faire part de leurs connaissances sur la question. C’est une synthèse de recherches assez variées qui balaye différents champs d’investigation. Il y a encore des données plus complexes que je ne maîtrise pas pour l’instant et que je n’ai pas voulu diffuser pour éviter de raconter des conneries !Bonne lecture à vous. L’article est assez long. J’espère que vous y trouverez des informations intéressantes.

Les écrevisses Américaines :

Ecrevisse américaine  (petite américaine ) - Orconectes limosus (Amérique du nord)

Ecrevisse de Louisiane - Procambarus clarkii (Sud des Etats-Unis)

Ecrevisse signal - Pacifastacus leniusculus (Californie)

 

 

Pattes blanches européenne)

Pattes rouges

(européenne)

Pattes grêles

(européenne)

SIGNAL ( Californie)

De Lousiane

Petite américaine

longévité (année)

 

+11

10 – 15

6-9

9 max

2

4

 âge maturité

 

3-4

3-4

2-3

1-2

Inf 1

2

taille

maturité (mm)

 

60

 

70-80

 

75-82

 

80-90

 

45-125

 

40-50

 

 croissance

 

lente

lente

rapide

rapide

Rapide+

rapide

taille maximum (mm)

 

120

180

195

?

150 +

120

nombre d’œufs

 

100 max

100-150

200-400

110 - 300

50-600

100 - 200

 nombre de  reproduction/an

 

1

1

1

1

plusieurs

plusieurs

température eau supportée

 

13-20

Inf 20

Inf 26-27

Inf 24-25

Inf 32

eurytherme

résistance eaux

saumâtres

 

non

non

oui

oui

oui

?

Abris (liste non exhaustive)

Abris parfois mixtes

 

Pierres

Terriers

Limon

Terriers

Pierres

Terriers

Limon

 

EN FRANCE : 

2 familles d'écrevisses présentes en France, pour 6 espèces

Les cambaridés ( 2 espèces ) : américaine et de Louisiane

Les astacidés ( 4 espèces ) : pattes blanches, rouges, grêles, du pacifique ( signal)

 

 

Les cambaridés possèdent un ergot. Les astacidés ne possèdent pas d'ergot

 

 

astacidae absence d'ergot

Ergot cambaridae

 

 

 

 

 

 

 

 

Ecrevisses mâles et écrevisses femelles

 

Ecrevisse mâle ou femelle


 

F : Côté femelle 

- petites pinces

- abdomen large

 M : Côté mâle 

                                                 - grandes pinces

                                                 - abdomen étroit


  De plus, les femelles des cambaridés possèdent un anneau ventral : une poche située sous le ventre, dans l'épaisseur de la carapace. C'est une spermathèque dans laquelle l'écrevisse femelle stocke le sperme du mâle pour assurer la fécondation de ses oeufs.

Les femelles des astacidés ne possèdent pas de spermathèque : elles conservent le sperme du mâle dans des "sacs" qui s'accrochent à leurs pléopodes (les appendices situés par paire sous chaque segment de l'abdomen).  

Quoique dissemblables, les écrevisses mâles des deux familles ne montrent pas de différences morphologiques aussi importantes que les écrevisses femelles. Ils ont tous, sous l'abdomen, 4 pléopodes sexuels.

DEVELOPPEMENT :

La reproduction annuelle des écrevisses s’étale sur une période de 15 jours environ (septembre – novembre). La femelle se place le ventre en l'air, et accueille la semence du mâle . Les ovules sont pondus 3 à 6 semaines plus tard. D'un diamètre de 2 à 3 mm, ils sont fixés entre les pattes caudales dans un mucus qui dissout les capsules spermatiques, de telle sorte que les spermatozoïdes, libérés et activés, peuvent fertiliser les œufs. La femelle porte les œufs sous sa queue (abdomen) durant environ 6 mois. Les pattes caudales provoquent un courant d'eau fraîche sur les œufs, et ceux-ci périssent quand on les enlève de leur mère. 10 à 20 % survivent, et lorsque les larves naissent, elles restent fixées sur la mère durant les 15 premiers jours.

CROISSANCE :

Pour que la croissance soit possible, l'écrevisse doit de temps en temps se dépouiller de sa dure carapace. Une fente se forme alors, à travers laquelle la "nouvelle" écrevisse rampe à reculons hors de sa vieille carapace. Cette mue dure de 10 à 60 minutes et quand elle est achevée, l'écrevisse est molle et sans défense. Ce n'est qu'après 8 à 10 jours que la nouvelle carapace se durcit et devient si résistante que l'écrevisse se risque hors de sa cachette. 

Durant la première année l'écrevisse mue 7 à 8 fois, atteignant une longueur de 2 à 6 cm. La femelle adulte mue une fois par an, le mâle adulte 2 fois et l'écrevisse américaine 3 fois

Attardons-nous sur 2 d'entre-elles...



LA " SIGNAL "  en résumé :

L’Écrevisse signal, utilise tous les habitats de l’Écrevisse à pattes blanches et finit par l’éliminer. Elle est plus tolérante à la pollution et à la sécheresse. Elle colonise un linéaire de 1 à 2 km par an, occasionnant à ce titre un impact sur l’écologie aquatique. Elle est capable de survivre plus de 3 mois dans des lits de cours d’eau asséchés en creusant des galeries qui effondrent à terme les berges, avec des progressions annuelles de 2 km vers l’aval et de 0,35 à 0,5 km vers l’amont (données en provenance d’Angleterre). Dans le lac Léman, elle est responsable d’une réduction très importante des herbiers 

LA « LOUISIANE » en résumé :

- l’Écrevisse de Louisiane est omnivore, avec une préférence pour quelques espèces comme le Potamogéton ( plante aquatique)

- elle a une croissance rapide, une grande taille,  une digestion très active, se reproduit plusieurs fois par an, alors que nos écrevisses autochtones ne le font qu’une fois

- elle détruit les plantes en les découpant et en les déracinant, et réduit le couvert végétal et les substrats (sites de reproduction des autres organismes :algues, poissons, amphibiens, oiseaux).

- elle exerce une prédation importante,par ailleurs, elle tolère les toxines, 

- elle provoque des problèmes économiques (abondance de terriers abandonnés qui minent et provoquent l’effondrement des berges )

- elle peut avoir un impact sur la santé humaine, puisqu’elle accumule des métaux lourds (cadmium, plomb, etc.), des pesticides et des algues toxiques,parfois au-delà du seuil fixé par la législation pour le commerce et la consommation des crustacés ; ce taux a d’ailleurs été légèrement augmenté en Espagne pour tenter de contourner ce problème et parvenir malgré tout à commercialiser les écrevisses 

 

link

 

POUR FAIRE VITE  …


 Les écrevisses américaines entraînent :

 - la raréfaction d’espèces natives – ( pour les raisons évoquées en amont mais aussi en étant dans certains cas porteuses saines de la peste de l’écrevisse ( écrevisse américaine banale appelée aussi petite américaine ), l’aphanomycose, qui décime d'autres populations d'écrevisses autochtones

 - la transformation des écosystèmes


COMMENT LES ARRETER ?

Les Anglais ont démontré que les cascades et les chutes d’eau étaient un frein important ( utile mais PAS SUFFISANT) à la progression des Écrevisses signal qui remontent une rivière, mais cela signifie la mise en œuvre de travaux de construction de barrages. Par ailleurs, cette méthode est complètement inutile pour l’Écrevisse de Louisiane comme pour toutes les espèces qui creusent des terriers et résistent à la déshydratation, puisqu’elles vont être capables d’emprunter la voie terrestre pour contourner ces obstacles.

MONSIEUR ECREVISSES : Théo DUPERRAY

 « La seule reproduction annuelle des écrevisses s’étale sur une période de 15 jours environ et si les œufs ne sont pas fécondés, il n’y aura pas de descendance. Pour annuler toute tentative de procréation, la ponte doit être déclenchée sans fécondation. J’ai ainsi étudié quelques pistes de stérilisation et, en 2007, j’ai appliqué le protocole sur un nombre d’individus très significatif d’un point de vue statistique, soit 9 femelles par mâle. En 2008, je suis passé à 15 femelles par mâle et j’ai cherché à savoir si la stérilisation perdurait d’une année sur l’autre. 

    Le protocole consiste à capturer un maximum d’individus puis à stériliser les gros mâles et à tuer les femelles et les petits mâles. Après stérilisation, les gros mâles sont ensuite relâchés dans le milieu naturel et vont en principe rechercher les femelles qu’on aura oubliées, s’accoupler avec elles et ainsi annuler leurs chances de reproduction. Ils conservent un comportement reproducteur – ce que j’ai pu prouver en bassin – et sont inféconds dans 86 % des cas.

Ce protocole va donc totalement déstabiliser le sexe ratio, qui est naturellement autour d’UN mâle pour UNE femelle, et qui passe à 3 ou 4 mâles UNE femelle, créant ainsi un déséquilibre important. Par ailleurs, l’écart moyen de taille entre les mâles et les femelles, qui est de l’ordre de 10 à 12 mm en milieu naturel, est doublé suite à l’application du protocole, entraînant ainsi plus de mutilations lors des accouplements.

En termes de résultats expérimentaux, on a pu observer, en bassin, un taux de 86 % de non-reproduction sur les femelles des lots stérilisés, ainsi que la mort de certaines femelles (accouplement trop violent ou impossibilité de pondre tous les œufs, qui se dégradent dans les ovaires et entraînent la mort de la femelle).

Par ailleurs, en rivière – et il s’agit-là que de résultats préliminaires – je ne dispose d’aucun pourcentage d’efficacité car je n’ai pu relâcher que 35 % maximum de mâles stériles, les captures s’étant mal déroulées en raison d’une crue. Or, sur les trois femelles capturées, deux présentaient des pontes non-viables, alors que sur le site « témoin », situé 300 m en aval, les six femelles capturées présentaient des pontes viables. 

L’efficacité n’est donc pas quantifiable ; en revanche, on peut constater un léger impact visible sur la reproduction de la population présente sur le site où la stérilisation a eu lieu.

En conclusion, la stérilisation est efficace et durable en bassin puisqu’elle perdure d’une année sur l’autre. . L’impact de cette procédure est visible en milieu naturel mais il ne m’est pas possible pour le moment d’en quantifier l’efficacité.

Les sites visés ne doivent pas contenir plus de 1 000 individus à stériliser sinon la procédure est trop lourde. Quant à l’extension aux autres espèces, il semblerait d’après les tests effectués cette année que cette procédure puisse fonctionner sur Procambarus clarkii (Louisiane ), mais il reste des difficultés assez importantes à surmonter par rapport au phasage de la période de reproduction »

 

Nous vous invitons à prélever ce nuisible sans retenue, car le mal est bien engagé sur certains cours d'eau ravagés par la présence de ce fléau.( effondrement des berges par les galeries creusées, destruction de l'écrevisse autochtone moins robuste et moins forte , prédation sur les oeufs de truite ou les alevins ... etc )

Mode de capture : balance avec des mailles de 10 mm de diamètre minimum. 6 balances par pêcheur dans le Jura.

Le maquereau marche très très bien.

 

 NE LES RELACHEZ PAS. C’EST INTERDIT CAR TROP DANGEREUX POUR L’ECOSYSTEME !!

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A
Bonjour Serge. Oui c'est effrayant de voir une telle gestion quand on connaît les dégâts provoqués par ce nuisible sur l'écosystème. La régulation à la balance n'est pas suffisante. Sur la rivière<br /> d'Ain , du côté de Thoirette, les prélèvements d'écrevisses par les pêcheurs ( et les brochets ) , ne font pas diminuer leur population d'année en année. L'intérêt de cette présence est seulement<br /> gustatif. Mais l'éradication de la " signal" chez nous me paraît extrêmement compliquée désormais, au vu de la densité existante et de la reproduction hyper rapide de cette espèce invasive.
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S
Sur le lien , la séquence entre 5'25 et 5'40 fait froid dans le dos.
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