la reproduction du brochet
Une majorité des cours d'eau français n'abrite aujourd"hui plus les populations de brochets que l'on peut retrouver dans les cours d'eau très préservés des pays nordiques ou du grand nord américain.
Certes notre gestion de la peche avec une maille autorisant à conserver des brochetons joue un rôle non négligeable dans l'état des populations, mais c'est surtout une faible efficacité de la reproduction qui caractérise nos cours d'eau aménagés par l'homme.
Car avant d'etre la poutre de nos rêves, un grand brochet est tout d'abord un juvénile comme celui-ci 70 (mm bien sur!) au bout de quelques mois.
Le brochet est sans dout une des espèces de notre territoire la plus exigente quant à sa reproduction, comme le détaille la figure suivante:
En bref, le brochet nécéssite pour sa reproduction:
- Une connexion permanente ou temporaire entre le cours d'eau et la frayère, pour permettre le passage des géniteurs du cours d'eau vers la frayère (en janvier/février) et la sortie des brochetons vers le cours d'eau (Mai/Juin)
- Le maintien du niveau d'eau pendant au minimum 45 jours pour couvrir toute la période de reproduction et de croissance (fin février à début Mai). Outre les oeufs, le premier stade de l'alevin est également fixé à la végétation par une glance cémentaire et est donc très sensible aux variations de niveaux d'eau.
- Une lame d'eau calme de 0,2 à 1m
- Un ensoleillement important pour assurer le réchauffement de l'eau au printemps (production de plancton) et développement de la végétation aquatique.
- La présence de végétaux, de préférence des graminées et supportant de longue durée de submersion.
Les conditions sont donc assez nombreuses, et se retrouvent rarement sur les cours d'eau dont l'habitat a été perturbé, même modérement.
Les aménagements tels que supression de méandre, chenalisation du lit, enfoncement du lit et donc augmentation des hauteurs de berge, réduction de la durée des crues sont autant de facteurs perturbant le fonctionnement des frayères à brochet ou entraînant leur disparition.
Les quelques bras morts et prairies inondables qui subsitent ne sont souvent pas mises en eau assez longtemps pour permettre une reproduction efficace. Dans le meme ordre d'idée, les retenues soumises à un marnage important ne fournissent pas des conditions propices. Les berges raides et le marnage ne favorisent pas l'implantation des végétaux et conduisent souvent à une exondation des frayères et des oeufs....
Dans la vallée du Doubs et de la Loue subsistent encore quelques sites intéressants, mais dont le fonctionnement est loin d'etre optimal.
Une baissière du Doubs mise en eau lors des crues, mais il est rare qu'une deuxième crue débordante survienne dans l'année pour permettre le retour des brochetons à la rivière.
Une morte du Doubs avec une bonne connexion au cours d'eau, mais avec la faible durée des crues actuelles, les zones favorables sont parfois rapidement mises hors d'eau.
Des anciens bras de la Loue, artificiellement recoupés et formant aujourd"hui des mortes. Le frai s'y déroule dans l'eau claire en permanence et riche en herbiers. On peut distinguer un broc sur une des photos....Par contre l'alimentation par la nappe phréatique du cours d'eau induit une température très fraiche et qui se réchauffe lentement au printemps. La production de plancton est faible, et les brochetons ont une croissance plus lente (les proies comme les alevins de cyprinidés sont également rares). De plus ces sites sont pêchés par les mangeurs de quenelles dès l'ouverture de mars....
Autant de sites à préserver ou à restaurer. Si vous en connaissez, parlez-en à vos AAPPMA ou fédérations afin de les réhabiliter, de les mettre en réverve etc....
De mon coté, j'ai souvent remarqué que les biefs abritant des frayères permettaient de plus belles pêches. La première sortie de l'année en zodiac en début de semaine le confirmera, avec un joli poisson qui prendra mon jerk, un sympa pour Pierre et chacun une attaque manquée.
A bientot!